g




 
Pérou - 13 au 30 Mai 2007


Le 22 Mai 2007

 

Celui qui sera, quelques semaines après notre séjour, inscrit au nouvel inventaire des "Merveilles du Monde", le Machu Picchu, nous attend !
L'histoire ne précise pas si c'est notre visite qui a précipité cette décision.

Qui n'a pas au moins une fois dans sa vie fantasmé sur ce lieu à la fois mythique et mystique, lu ou imaginé des histoires d'incas évoluant dans cette forteresse inaccessible, rêvé à des interventions divines ou extra-terrestres tant cette réalisation parait surhumaine.
Et les hypothèses sont nombreuses, car le Machu Picchu n'a toujours pas livré son secret.

Le train qui mène au pied du Machu Picchu n'a plus rien de commun avec ce tortillard qui fit les belles heures de cette superbe série télévisée des années quatre-vingts : « Des trains pas comme les autres ».
Bien que son aspect extérieur ait conservé un certain classicisme, l'intérieur fait immanquablement penser à un avion, les surfaces vitrées en plus.

La sortie de Cusco nous offre une succession de manoeuvres pour enfin s'engager sur le bon aiguillage en direction de Maras.

Au départ, la visibilité est perturbée par un épais brouillard. Une certaine fraîcheur règne dans le compartiment. Nos 3P, ainsi surnommées parce qu'adeptes des Pull-Polaire-Parka, s'emmitouflent jusqu'au yeux. Je leur offre ma couverture, François fait de même. Grâce à ces épaisseurs multiples, elles revivent et nous ressentons la satisfaction du devoir accompli.

Ici aussi les rôles sont bien définis. Pas moins de quatre personnes sont affectées au service de notre seul compartiment. Un steward et une hôtesse, un employé aux couvertures, un nettoyeur de vitres qui, inlassablement, équipé de gants blancs, passe et repasse à l'aide d'une raclette en caoutchouc pour enlever les traces de buée sur les vitres et nous permettre ainsi de jouir du spectacle.
Le steward et l'hôtesse passent dans les allées pour la distribution de collations et repasseront une seconde fois pour nous proposer des produits dérivés « Machu Picchu », casquettes à visière et vestes de photographe…

Peu à peu, le paysage se dévoile. Le soleil a raison des dernières nappes de brouillard qu'il sirote à petites goulées. La nature jouit ici de tous ses droits.
Contraste avec la banlieue de Cusco dont les collines avoisinantes sont peuplées d'habitations de fortune.
Le soleil levant ajoute une touche dorée à ces paysages qui, parfois figés dans une sorte de noblesse végétale, font penser à des décors peints.

Le voyage dure près de trois heures, dont deux petites haltes pendant lesquelles des vendeurs ambulants sillonnent les quais pour proposer aux voyageurs des souvenirs ou des épis de maïs bouillis.
Un torrent impétueux nous accompagne pendant la plus grande partie du parcours, il s'agit sauf erreur du rio Urubamba. Sur le côté opposé, la forêt amazonienne, profonde et luxuriante, vient caresser au passage les parois bleues du train. Les photos sont hélas impossibles, trop près ! Je me fais même rappeler à l'ordre par un employé après avoir ouvert une vitre et tenté de photographier. Risque d'accident !

A la gare d'arrivée, nous nous hissons à bord d'un autocar qui va nous transporter jusqu'à la citadelle.
Vingt minutes de trajet sur un chemin caillouteux et poussiéreux, à flanc de montagne, avec une vue vertigineuse sur le rio Urubamba qui peu à peu prend l'allure d'un simple filet d'eau.
Des téméraires ont entrepris de monter à pied. Ils se rangent sur le côté au passage du car et disparaissent dans un nuage de poussière.

Arrivé à destination, ma première interrogation pratique est de me demander comment le car fait demi-tour pour redescendre. Je me rassure en me disant que ce n'est pas son premier voyage et qu'il va bien trouver une solution. Je ne me souviens d'ailleurs pas avoir vu des carcasses de cars accrochées à la pente.

Le plus grand choc se produit alors que nous venons de gravir quelques marches pour arriver sur un plateau de verdure où, tout à coup, apparaît face à nous la silhouette imposante du Machu Picchu et, à nos pieds, la forteresse.

La citadelle du Machu Picchu est une des cités perdues les plus spectaculaires et mystérieuses de la planète. Historiens et archéologues n'ont pu élucider le secret de la construction de cette ville forteresse de plus d'une douzaine de kilomètres carrés qui aurait été édifiée au 15 e siècle.
Située à 2400 mètres d'altitude entre le pic du Machu Picchu et celui, plus jeune, du Huayna Picchu, elle n'a pas été réalisée avec les pierres de la montagne et l'absence d'arbres que l'on aurait fait rouler pour les transporter exclut cette hypothèse.
En outre, la pente vertigineuse de la montagne n'aurait pu, en aucun cas, permettre l'utilisation d'une telle technique.
Au fond de la gorge qui ceinture les deux pics coule le rio Urubamba, quelques 600 mètres plus bas.
Découvert au début du 20 e siècle par l'archéologue américain Hiram Bingham, le site, alors totalement recouvert par la végétation, ne figure pas dans les récits des conquistadors espagnols, ce qui laisse à penser qu'il servit de refuge aux derniers incas enfuis de Cusco.

Alors que je suis face à cette image qui a tant frappé les imaginations, mon téléphone portable vibre. C'est mon ami Lionel, qui m'a chargé de lui rapporter une pierre du Machu Picchu.
Lionel est passionné par les civilisations disparues et mystérieuses et est fasciné par ces hypothèses qui hantent l'imaginaire.
Petite parenthèse : miracle de la technologie ou miracle tout court ? Alors que je me trouve dans un des endroits les plus isolés de la planète, je capte sans problème la communication, alors que dans mon appartement près de Rambouillet, je n'y parviens pas. Fin de la parenthèse.
Petite conversation avec Lionel, qui est dans son bureau de la banlieue parisienne :
-  Tu sais où je me trouve ?
-  Ben non, répond Lionel !
-  Imagine : juste en face de moi, le Machu Picchu et la citadelle, à mes pieds !
-  Putain, c'est pas vrai, c'est énorme !
-  Je te crois, surtout quand on l'a sous les yeux. J'oublie pas de te rapporter une pierre.

J'imagine sans peine la situation inverse, j'en aurais eu des trépidations dans le plexus. Le Machu Picchu au bout du fil !

La visite a évidemment duré le temps qu'il est logique d'accorder à ce lieu légendaire.
Mon ménisque s'est rappelé à mon souvenir, pas au meilleur moment, mais je m'accroche. Ces incas étaient vraiment des gens étonnants. En tout cas, notre raisonnement pragmatique ne peut facilement appréhender leur logique. On les disait d'assez petite taille, et les marches qu'ils ont taillées dans la roche sont gigantesques.
J'en tire la conclusion que les incas n'avaient pas de ménisque !

Autre chose troublante, cette rencontre au sommet de la citadelle avec une touriste française :
- Vous êtes française ? De quelle région ?
-  Paris
-  Mais encore ?
-  19 e  !
-  Quel endroit du 19 e  ?
-  Rue Compans !

J'ai habité à 30 mètres de la rue Compans pendant plus de trente ans, jusqu'à l'année dernière !
Pas de doute, cet endroit est magique !

Et je ne parle pas des batteries de mes appareils qui se sont déchargées dix fois plus vite qu'à l'accoutumée.


        
Des autochtones rencontrés au Machu Picchu

Je ne vais pas vous narrer dans le détail tout ce que ce site révèle d'histoires, d'hypothèses et de vestiges passionnants. La bibliographie sur le sujet est abondante.

Sur le chemin du retour qui mène à la petite gare, notre autocar en croisera deux autres qui se suivent, dans un virage heureusement élargi. Nous étions du bon côté, contre la muraille. Impressionnant quand même !

Petit spectacle dans le train du retour. Les employés, après une danse masquée, se livrent à un défilé de mode avec des articles qui seront ensuite proposés à la vente.

C'est le Pérou !