g




 
Pérou - 13 au 30 Mai 2007


Le 23 Mai 2007


Il y a très longtemps, le lac Titicaca était une vallée fertile peuplée d'hommes vivant heureux et tranquilles.
Rien ne leur manquait; la terre était riche et leur procurait tout ce dont ils avaient besoin.
Sur cette terre on ne connaissait ni la mort, ni la haine, ni l'ambition.

Les Apus, dieux des montagnes, protégeaient les êtres humains.
Ils ne leur interdisaient qu'une seule chose : personne ne devait monter au sommet des montagnes où brûlait le Feu Sacré.
Pendant longtemps, les hommes ne pensèrent pas à enfreindre cette volonté des dieux.

Mais le diable, esprit malin condamné à vivre dans l'obscurité, ne supportait pas de voir les hommes vivre si paisiblement dans la vallée. Il s'ingénia à diviser les hommes en semant la discorde.
Il leur demanda de prouver leur courage en allant chercher le Feu Sacré au sommet des montagnes.

 Alors un beau jour, à l'aube, les hommes commencèrent à grimper au sommet des montagnes.

A mi-chemin ils furent surpris par les Apus. Ceux-ci comprirent que les hommes leur avaient désobéi et décidèrent de les exterminer.
Des milliers de pumas sortirent alors des cavernes et se mirent à dévorer les hommes qui supplièrent le diable de les aider. Mais celui-ci demeura insensible à leurs suppliques.

Voyant cela, Inti, le dieu du Soleil, se mit à pleurer.
Ses larmes furent si abondantes qu'en quarante jours elles inondèrent la vallée.
Seuls un homme et une femme parvinrent à se sauver sur une barque en jonc.

Quand le Soleil brilla à nouveau, l'homme et la femme n'en crurent pas leurs yeux : sous un ciel bleu et pur, ils se trouvaient au milieu d'un lac immense.
Au milieu des eaux flottaient les pumas qui s'étaient noyés, transformés en statues de pierre.

Ils appelèrent alors le lac "Titicaca", le lac des pumas de pierre .

 

Notre visite d'aujourd'hui, vous l'avez compris, sera pour cet autre site légendaire, le lac Titicaca.

Nous prenons la route de Puno, en bordure du lac, lui-même partagé entre le Pérou et la Bolivie.
Ce lac, situé à une altitude de plus de 3600 mètres, a une superficie supérieure à 8500 kilomètres carrés et une profondeur atteignant 280 mètres.

Nous montons à bord d'un autocar grand confort. Je m'installe à l'étage, derrière le pare-brise panoramique, bien que cette place ne corresponde pas à celle qui m'a été attribuée lors de la vente des billets. Par chance, personne ne viendra me la disputer et j'aurai à nouveau une vue de choix, mesurant l'étendue du privilège par rapport à mes compagnons de route, coincés entre deux sièges étroits pour un voyage qui doit durer au moins six heures.

Les contrôles routiers sont fréquents. Une policière en gilet pare-balle nous fait un signe amical de la main.
A mi-parcours, l'autocar s'arrête, apparemment pour permettre au chauffeur de se restaurer, plus officiellement parce que des grèves perturbent la circulation.
Nous sommes à Sicuani.

Une seconde halte à la frontière entre les provinces de Cusco et de Puno nous permet à la fois d'admirer un panorama superbe, entre la plaine dorée et l'horizon bordé de montagnes aux reflets argentés et enneigés, et de satisfaire notre boulimie d'achat grâce aux nombreux artisans qui ont installé leur production sur le parking.
La connivence entre ceux-ci et le chauffeur ne fait aucun doute, mais après tout, nous n'en sommes pas choqués.
J'en profite pour m'acheter un pull en alpaga, que notre climat tempéré ne me permettra sans doute jamais de porter, mais je satisfais ainsi mon amour des pulls, en opposition totale avec le fait que je n'en porte que très rarement, n'ayant froid qu'en dessous de zéro degré.

Les troupeaux sont nombreux dans ces grands espaces de plaines qui bordent la route. Vaches, moutons, alpagas, ânes et chevaux qui parfois outrepassent leur territoire et obligent l'autocar à faire un crochet.
Les chiens errants sont nombreux également et les cadavres que nous apercevons de temps en temps semblent indiquer que les chauffeurs n'ont pas toujours le geste qui sauve.

Bien qu'installé à l'ombre derrière le pare-brise, la lumière intense me brûle les yeux.

Une voie ferrée parallèle à la route court dans la plaine qui change régulièrement de décor.
Nous avons pris de l'altitude et franchissons un col à plus de 4400 mètres.
Arrivés à la sortie d'un bourg, deux tas de terre déversés sur la route interdisent le passage, rappel d'une récente grève. Le car contourne par le bas-côté.
Les abords de la ville sont jonchés d'ordures, les chiens errants sont à la fête. Même les moutons viennent fouiner dans cette poubelle qui rappelle cruellement qu'ici, il n'existe pas de traitement des déchets.

Nous atteignons Puno en fin de journée, juste à temps pour apercevoir depuis la montagne les scintillements du lac dans les rayons du couchant.
Le retard pris sur la route ne nous permettra pas de faire une virée sur le lac dès ce soir comme prévu.

Après une promenade dans le centre ville, très vivant et accueillant avec ses boutiques de tissus et bijoux de fabrication locale où l'argent est abondant, nous dînons à notre hôtel.
Service très lent, sans doute dû au fait que la télévision retransmet la finale de la coupe d'Europe de football, Liverpool contre Milan AC.
Le service reprend une vitesse normale dès la fin du match. Milan vainqueur 2-1 !