g




 
Pérou - 13 au 30 Mai 2007


Le 21 Mai 2007

Albizu, notre guide de la veille, reprend du service et nous emmène sur le site archéologique de Chinchero, situé à une quarantaine de kilomètres de Cusco, dans la Vallée Sacrée.

Notre surprise est un peu atténuée par les découvertes de nos précédentes visites et en particulier celle de Sacsayhuaman toute récente.
Le plaisir n'en est pas moins intense.
De nouveaux murs incas avec leurs pierres taillées au rasoir.
Quelques maisons d'un blanc immaculé et une église à l'intérieur très spectaculaire, hélas interdit de photos.
Chaque centimètre carré de mur et de plafond est peint, y compris les poutres.
L'autel de style baroque espagnol croule sous les ornements. Très pompier ! Il faut aimer, mais quoi qu'il en soit, on peut admirer la somme de travail que cela représente.

Sur le flanc de la montagne proche, quelques ouvriers sont occupés à l'entretien de terrasses.
Et à nouveau ces décors tellement majestueux qu'on voudrait les plier comme une affiche et les emporter dans ses bagages.

Notre jeune guide Albizu va nous offrir notre première visite hors des chemins touristiques.
En route vers les salines de Maras et les terrasses de Moray, nous traversons le village de Maras où résident ses parents. Le grand-père, 97 ans et l'œil encore vif, est assis à l'entrée du porche qui mène à l'habitation.
La mère d'Albizu se trouve, comme la plupart des femmes de ces petits villages, dans sa cuisine obscure envahie par la fumée. Une trentaine de cochons d'Inde court sur le sol en terre battue. A notre arrivée, ils se dispersent dans tous les coins de la cuisine.
Quelques marmites noircies par la fumée reposent sur le four en terre qui occupe toute la largeur de l'un des murs de l'étroite pièce.
La mère d'Albizu nous fait visiter, nous prenons quelques photos.
Effusions familiales, regard fier et attendri de la mère vers son fils.
Il est celui qui a réussi, il travaille à la ville, à Cusco.
Et il connaît du monde !
Et il est heureux lui aussi de nous présenter aux siens.

Nous nous rendons quelques maisons plus loin, où nous sommes accueillis par le maire du village qui n'est autre que le père d'Albizu. A l'aide de plans et assisté de son adjoint, il nous explique le projet du système d'irrigation pour Maras.

Avant de quitter le village, nous parcourons quelques rues. De lourdes portes sculptées et usées par le temps ferment des maisons aux murs fatigués.
Le sol, les habitations, les rues et même les vieillards et les ânes qui traversent la rue chargés de fardeaux, tout est de cette même couleur ocre brun.
Sur les fils électriques qui longent la rue au-dessus des maisons, j'aperçois des formes insolites que je prends d'abord pour des nids.
En fait, ce sont des plantes qui poussent sur les fils électriques, semblables à de grosses pelotes de laine. Ce pays est décidément le théâtre de situations et objets étranges.

Les terrasses de Moray ressemblent au premier coup d'œil à un immense théâtre grec, comme celui d'Epidaure.
Elles ont été creusées dans le sol et non à flanc de montagne et leurs épais murs de pierres permettaient d'emmagasiner la chaleur pendant la journée. Cette chaleur était rediffusée la nuit, créant ainsi un micro climat et des températures variables selon que l'on se rapprochait ou s'éloignait du centre, ce qui favorisait différents types de cultures.

Site grandiose, ce mot paraît ici banal !
Et c'est à nouveau ce qui nous attend pour la visite suivante : les salines de Maras.

Le minibus roule dans une large plaine, sur une route poussiéreuse bordée de cactus et de champs dorés.
Nous croisons un petit groupe de paysans qui poussent devant eux ânes et cochons.
Je sollicite une halte du chauffeur, je saute du véhicule, deux photos, je remonte, c'est reparti.

Plus loin, un fermier suit son attelage de bœufs. Il porte sur le dos une longue pièce de bois qui semble être un soc de charrue. Je shoote en roulant.

La montagne est face à nous, nous allons droit sur elle.
Elle est, comme à son habitude, monstrueusement belle.
Soudain, la route plonge et devient escarpée. Nous sommes à flanc de montagne.
La pente est raide, le chemin tortueux, ce qui ne semble pas impressionner notre chauffeur qui ralentit à peine.  
Nous ne partageons pas vraiment sa sérénité, mais chacun tente d'afficher un air détaché.
Peur, moi ? Jamais ! Il faut quand même avouer que le côté du vide est impressionnant.

A la sortie d'un virage, environ à mi-hauteur, elles nous apparaissent dans leur intégralité.
Les salines de Maras !

Impressionnante mosaïque, patchwork du blanc à l'ocre brun semblable, à cette distance, à ces pastilles de couleurs que l'on offre aux enfants pour créer leurs premières aquarelles.
Malgré le risque d'un arrêt à cet endroit en cas d'arrivée d'un autre véhicule, je ne résiste pas à l'envie de demander au chauffeur de s'arrêter. Je saisis quelques images, nous repartons rapidement.
Le dernier virage est accueilli comme un soulagement, mais on se dit qu'il va falloir le refaire dans l'autre sens, ce qui ne nous réjouit pas vraiment.

Constituées de centaines de bassins en terrasses, les salines de Maras continuent d'être exploitées depuis l'époque des Incas.
Alimentées par une source chargée en sel gemme et distribuée par de petites canalisations, elles sont entretenues par des locaux qui revendent le sel à des coopératives.

J'abandonne mes compagnons de route aux explications du guide et m'aventure au gré de ces alvéoles, me déplaçant sur les fins murets de séparation qui servent à les isoler les unes des autres.
Face à moi dans le sens de la pente, le chemin par lequel nous sommes descendus.
Le rocher est d'un bel ocre rouge s'harmonisant avec les blanc–beige virant à l'orangé des alvéoles.

La nature a décidément ici le goût des camaïeux. Et c'est un spectacle qui ravit l'oeil, comme des friandises le palais.

Le chemin du retour ? Même chose dans l'autre sens. J'ai même eu l'impression que le chauffeur semblait un peu trop pressé d'arriver en haut.

Halte déjeuner dans le petit village de Yucay, dans un hôtel restaurant installé dans une magnifique ancienne hacienda possédant sa propre église.
Charme et détente… soleil, découvertes, émerveillement…
Ce n'est pas fini, en route pour Ollantaytambo !

Le village d'Ollantaytambo est entouré de montagnes et se termine au pied d'immenses terrasses accédant aux vestiges d'un palais inca impressionnant par son étendue. Un escalier très abrupt permet d'accéder au sommet.

Depuis deux jours, ma fissure au ménisque gauche, qui semblait endormie, s'est réveillée.
Je renonce à l'escalade.
Jany et Jean-Claude préfèrent eux aussi une balade dans le village, qui ne manque pas d'attrait.
Nous prenons un pot à une terrasse puis je m'offre une virée à travers les rues.

Sur une des montagnes entourant le village, un gigantesque visage humain aparait dans la roche. Les Incas affirmaient qu'il s'agissait du dieu Wiracocha, créateur de l'univers. Sur ce même rocher, à quelque distance de Wiracocha, avaient été construits des greniers qui permettaient de conserver les provisions.
Quand on pense que certains renoncent à descendre deux étages parce qu'ils ont oublié d'acheter le pain, on reste rêveur devant l'escalade que demandait l'accès à ce garde-manger.

L'arrivée de la nuit est imminente, nous rentrons à Cusco.

Dans une niche aménagée dans le mur de ma chambre, j'ai installé une mini expo avec les différents souvenirs achetés les jours précédents.

L'entrée étant gratuite, les visiteurs se pressent. Deux en deux jours !

 














Page suivante        Retour page intro