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Pérou - 13 au 30 Mai 2007


Le 20 Mai 2007

 

On ne peut visiter Cuzco sans gravir la colline qui mène à la forteresse de Sacsayhuaman, ne serait-ce que pour prendre conscience de cette œuvre cyclopéenne qui laisse encore perplexe quant à la méthode utilisée pour sa construction, attribuée à Pachacutec.
D'énormes monolithes assemblés au millimètre, dont le plus grand mesure 9 mètres de haut et pèse 350 tonnes.
Au pied de la forteresse s'étend une vaste prairie qui est chaque année le théâtre d'un spectacle grandiose, l'Inti Raymi, la fête du soleil.

Sur les collines alentour, on peut voir les découpes des pierres ayant servi à la construction de la forteresse. Prélevées à même la roche, on a l'impression d'une découpe au laser tant la précision et la netteté de coupe sont grandes.
La technique employée demeure une énigme.

Vidal, qui nous accompagne, nous fait traverser un tunnel très étroit qui s'enfonce dans le sol, plongé dans les ténèbres. Une cinquantaine de mètres à avancer à tâtons, le dos courbé, juste guidé par les bruits des pas de celui qui nous précède.
La petite lumière qui annonce la sortie est la bienvenue.
Petit détour à déconseiller aux amateurs de fast-food avec tendance à l'obésité. Pour ne pas rester coincés.

On dit que la forteresse était reliée à Korikancha, le temple du soleil, par un tunnel.

Nous remontons dans notre minibus, après une démonstration de toboggan offerte par Vidal qui déboule sur les fesses la pente d'un rocher voisin ressemblant à une énorme tranche napolitaine.
Quel enfant ce Vidal ! Conseiller municipal de la capitale de l'empire Inca… Si Pachacutec te voyait !

Après les forêts d'eucalyptus, nous approchons de la Vallée Sacrée en direction de Pisac. Le spectacle est impressionnant. Un cours d'eau serpente au fond de la vallée, entre deux versants de montagne abrupts, de cette couleur ocre rouge à laquelle nous sommes désormais habitués.
Le chauffeur ne comprend pas que je voudrais m'arrêter, dommage.
J'imagine à l'heure du couchant le soleil créant des tableaux purement magiques sur ces espaces escarpés, jouant avec les eaux de la rivière en autant de clins d'œil étincelants. Nous sommes à la porte de la Vallée Sacrée.

La cité Inca de Pisac surplombe la vallée sur plusieurs niveaux. D'immenses jardins en terrasse habillent l'un des flancs de la montagne dans le prolongement des ruines.
Lorsque nous nous arrêtons pour la visite du site, impressionné par la distance à parcourir et la hauteur à gravir, je suis pris de l'envie d'abandonner, harcelé par un genou capricieux.
Finalement aiguillonné par mon orgueil, je me jette à l'assaut de la montagne, pressant le pas pour passer devant tout le monde.
Arrivé au sommet, je suis récompensé par le superbe panorama et la diversité des ruines, dont ces toujours surprenantes pierres taillées qui, ici, épousent la couleur rouge de la montagne.

Cette cité abritait nombre d'édifices religieux aux portes trapézoïdales et était fermée par une sorte de pont-levis. Très loin en contrebas, la petite ville de Pisac semble dormir paisiblement sous le soleil.

L'heure est déjà avancée à notre arrivée à Pisac. Nous faisons une halte dans un self service à la sortie de l'agglomération pour déjeuner.
Nous sommes surpris à la fois par l'aspect agréable du cadre et la qualité des plats.
Dans le jardin où nous sommes installés, je découvre la fleur de l'Inca, genre de longue trompette rouge qui vit en groupe.
Dans l'arrière cour, un gros four en terre comportant des niches où vivent des cochons d'Inde. C'est donc ça, les boulettes de viandes qu'on nous a servies ?
Pas impossible, mais j'en doute, il n'y a rien à manger sur ces petites bêtes !

Après cette halte gastronomique, nous poussons jusqu'au cœur de la petite ville de Pisac qui se trouve à quelques centaines de mètres.

Le centre est littéralement pris d'assaut par les étals de marchands et les touristes parfaitement repérables et dont je fais bien sûr partie, avec mes cheveux blancs coiffés au pétard et mes deux appareils accrochés à l'épaule.
Atmosphère chaleureuse et dense. Il faut regarder où l'on pose les pieds, il n'y a pas de place perdue.
Ici on vend, on achète, on boit, on mange, on bavarde, on allaite, on fait même sécher le linge des mômes sur le dessus du chapeau pendant qu'on papote avec la voisine !
Tout ça dans une ambiance colorée et conviviale, même si certaines femmes me font comprendre par une grimace ou un sourire gêné qu'elles ne souhaitent pas être photographiées. Dans ce cas, s'abstenir est un impératif. Respect de la personne oblige.

Une différence entre autres avec nos marchés où les commerçants s'activent et se répandent dans tous les sens : ici, ils, ou plutôt elles, car seules les femmes semblent affectées à ce travail, elles sont toutes assises sur le sol, les jambes dissimulées sous une lourde épaisseur de jupons.

Quelques fillettes en costume chamarré, assises sur le bord d'un trottoir, tentent de se faire photographier pour un ou deux soles. Avise-toi de faire la photo et chacune va te réclamer son dû sans se soucier des autres. Il faudra négocier avec chacune d'elles. Cette photo va te coûter au minimum cinq soles.
Et tu n'y échapperas pas ! Elles te suivront à travers le marché et jusqu'à ton véhicule s'il le faut, mais elles ne lâcheront pas.
Et elles sont tellement craquantes que tu finiras par te dire que ce ne sont pas cinq soles qui vont t'appauvrir, alors que pour elles…

De retour à Cusco, nous dînons au Pucara qui est devenu notre cantine, près de la Plaza de Armas. Le pisco sour est au rendez-vous.
Puis nous regagnons nos chambres chez Pepe.
Surprise de Jean-Pierre et François, qui partagent la même chambre : un bloc de plâtre s'étale au pied d'un des lits. Deux mètres plus haut, le mur laisse apparaître un trou gros comme une mèche de perceuse, bien dégagé autour.

Nous en concluons qu'au Pérou aussi, il y a des bricoleurs du Dimanche ! En effet, nous sommes le dimanche 20 mai !