Le retour vers Cusco marque la fin de notre circuit touristique.
Le chemin est parsemé de petits évènements anecdotiques qui nous permettent d'oublier la longueur du parcours.
Ivane est assise au centre du véhicule, près de la porte des toilettes.
Elle fera office de dame-pipi, expliquant à tous les candidats au soulagement comment fonctionne l'ouverture de la porte apparemment capricieuse.
La suite de l'opération doit être d'autant plus délicate que nous roulons sur une route défoncée.
Alors que nous arrivons au sommet du col, toujours sans rétrograder, le car perd de plus en plus de vitesse et manque de repartir en arrière. Faisant hurler les engrenages, le chauffeur relance son engin vers l'avant. Ouf !
A la sortie d'une agglomération, nous nous arrêtons au beau milieu d'une voie ferrée, faute de pouvoir nous frayer un chemin dans le trafic de camions.
Quelques kilomètres plus loin, c'est un troupeau d'alpagas qui déambule nonchalamment au milieu de la route, nous obligeant à l'arrêt. Le redémarrage est laborieux, la boîte de vitesse est au bord de l'expiration.
Après une halte sur le même parking à touristes qu'à l'aller, nous retrouvons un décor de végétation où l'eucalyptus abonde.
Les passagers de l'autocar semblent surpris lorsque nous descendons à Combapata, petite bourgade ignorée des guides, à priori sans intérêt.
C'est pourtant là que nous vivrons les rencontres les plus intenses de notre périple, que nous serons au contact direct avec la population authentique, hors des circuits touristiques et des convenances.
La petite ville est située au cœur d'une large vallée verdoyante baignée par une rivière au parcours sinueux.
C'est dans la région de Combapata que l'association Alpaca a réalisé ses premières installations de cuisines.
Nous débarquons à l'heure de la sortie des écoles.
La nouvelle de notre arrivée s'est vite répandue. Nous sommes littéralement absorbés par cette petite foule bruyante et curieuse qui n'hésite pas à venir au contact.
Les plus téméraires veulent se faire photographier mais, pris par un accès de timidité soudain, dissimulent leur visage derrière l'épaule du voisin en poussant de petits cris d'oiseau effarouché.
C'est accompagnés de cette joyeuse escorte que nous arrivons à l'espace médical où exerce le docteur Pepe, sur la place du village.
Un accueil chaleureux nous est réservé par Pepe qui nous rejoint sur la place. Anciens et nouveaux reçoivent l'accolade et sont gratifiés d'un large sourire par le toubib.
Nous lions connaissance autour d'une bière.
Le personnage est très souriant et convivial et dégage un charisme indéniable. Il est ici chez lui. Il passe derrière le bar et rapporte une deuxième bouteille de bière.
Puis il rejoint ses patients tandis que nous découvrons le village par une petite balade qui nous pousse jusqu'au bord de la rivière. Un habitant se joint à nous pour nous faire la conversation. Nous entrons de plain-pied dans la vie authentique.
L'école de Combapata, où a été réalisée une des premières installations de cuisine, nous accueille en début d'après midi.
La responsable de l'éducation du district nous accompagne.
Visite de la cuisine et des classes. Les enseignantes nous présentent leurs outils pédagogiques où la part belle est faite à l'hygiène alimentaire.
Un repas composé de truites cuites au four et de pommes de terre nous est servi dans une salle de classe, sur les pupitres des tout petits, tandis que mamans et enfants sont assis sur le pourtour de la pièce.
Chacun de nous reçoit un cadeau issu de l'artisanat local, leur plaisir d'offrir semble aussi intense que le nôtre de recevoir.
Les personnalités présentes font un bref discours, la radio locale est également sur les lieux. Nous avons conscience de participer à un évènement comme ils n'en vivent pas fréquemment et nous en sommes très flattés.
A l'extérieur, les bambins se pressent pour se faire photographier, parfois poussés par la maman. L'ambiance est festive. Les plus petits s'alignent devant nous pour nous offrir une chanson.
Ils sont attendrissants, ces gosses qui ne semblent pas vraiment comprendre ce qui se passe, mais dont l'objectif évident est de nous communiquer le meilleur d'eux mêmes !
La lumière dorée de fin d'après midi vient déposer sur ce tableau une petite touche éclatante et joyeuse.
